
Famille MARIE SAINTE et consorts
du XVIIIè siècle à nos jours
Notre Histoire
Histoire d'une esclave
L'autre histoire de la mulâtresse solitude -
Une histoire de solitude
L'histoire commence en Afrique en 1750, avec la naissance d'une petite négresse, Bayangumay. Au terme d'une adolescence heureuse, elle se conforme aux traditions culturelles de son peuple. Elle accepte, sans drame aucun, de devenir la jeune épouse de Dyadyu, le sage et âgé compagnon de son père.
Image idyllique bien vite bouleversée par le surgissement des Blancs : enlèvement de la jeune femme et départ forcé, via Gorée (île des côtes du Sénégal, l'un des principaux centres de la traite des esclaves), pour les Antilles dans les cales pestilentielles d'un navire négrier. Soumise à la pariade, elle donne naissance à Rosalie, à son arrivée en Guadeloupe vers 1768. L'enfant est mulâtresse, et la couleur de sa peau est un incessant rappel de son avilissement ; en conséquence, Bayangumay n'arrive pas à l'aimer vraiment.
Pourtant, Rosalie, que l'on tente de séparer de sa mère, revient toujours vers elle, et écoute avec fascination les discours d'un vieux nègre mutilé pour cause de marronnage. Mais sa mère Babette (nom d'esclave de Bayangumay) persiste à la rouer de coups, sauf un soir, veille de son départ en marronnage, où elle laisse parler son instinct maternel et s'oublie à la caresser. Rosalie, métisse d'autant plus séduisante que ses yeux sont de couleur différente, devient alors la «cocotte» de Xavière, la fille de son maître. D'abord docile et respectueuse, Rosalie songeant à sa mère, en vient peu à peu, à souhaiter se révolter comme elle. Vendue, revendue, elle paraît indifférente à son destin, et à ceux qui lui demandent son nom, elle répond : «Avec la permission, maître, mon nom est solitude».
En 1780, Solitude est alors la propriété des dits Sieur et Dame Boyer de l’Etang, et sera constituée en dot à l'occasion du mariage de leur fille comme nous l'indique l'acte de mariage du dit Sieur Crane et la dite Demoiselle Boyer de l’Etang, extrait:
"Mes dits Sieur et Dame Boyer de l’Etang, la dite dame toujours autorisé dudit Sieur son époux, en faveur du mariage ont constitué en dot à la dite Demoiselle Boyer de l’Etang, leur fille en avancement d’hoirie à imputer sur ses droits moitié dans chaque succession la somme de cent mille livres ques les dits Sieur et Dame Boyer de l’Etang en la qualité solidaire de l’un pour l’autre et l’un d’eux seul pour le tout sans division ni discussion à quoi ils renoncent, ont promis de payer au dit Sieur Crane en quatre termes égaux de ving cinq mille livres chaque, dont le premier en sera que dans quatre ans de ce jour, le second une année après et ainsi d’année en année jusqu’au parfait paiement, qui seront faits en sucre comme argent sans intérêts jusqu’alors, si ce n’est à défaut de paiement qu’alors l’intérêt courra au taux de l’Ordonnance dès l’échéance de chaque terme sans que l’intérêt puisse retarder la demande du paiement principal ;
outre laquelle dot, les dits Sieur et Dame Boyer de l’Etang ont donné à leur fille, une mulâtresse, servante, appelée Solitude, âgée d’environ douze ans, estimée deux mille livres"
1789 : La Révolution française éclate. La révolution française répand dans ses colonies les grandes idées égalitaires qui ont conquis le peuple de la métropole.
De 1789 à 1802, la Guadeloupe vécut intensément les différentes phases de la Révolution car, mis à part une très brève période d’occupation anglaise en février-mars 1794, elle resta constamment française, alors que la Martinique était occupée par les Anglais de 1794 à 1802. Les idées et les classes sociales se heurtèrent avec une violence d’autant plus grande que la masse des esclaves posait un redoutable problème.
1793 : La répercussion des événements de France ( l'octroi de droits civiques aux noirs libres et aux hommes de couleur ) amenèrent le soulèvement des noirs et des révoltes dans l'armée
Libérée par la fuite de son maître, le chevalier Dangeau, Solitude assiste aux exécutions de la place de la Victoire à Pointe-à-Pitre et aux combats que se livrent les Blancs. Elle ne réalise pas toujours ce qui se passe autour d'elle, pas plus que ce qui lui arrive. Elle sera vendue au Sieur Louis Marie Henri de FABRIQUE SAINT TOURS (né à la Trinité en 1766, décédé à Rivière Salée en 1845). puis transférée, vers 1798 à la martinique sur la paroisse de Sainte Marie, sur la propriété du marquis de Larnage (qui fut Lieutenant de roi de Marie Galante, de la Grande Terre Guadeloupe, gouverneur à la Trinité Martinique), administrée par le Sieur Louis de FABRIQUE, grand oncle du Sieur Louis Marie Henri de FABRIQUE SAINT TOURS, car la Martinique, sous occupation Anglaise, a maintenue l'esclavage. Solitude sera la maitresse de son maitre.
Dans les sociétés coloniales fragmentées des Antilles de la période esclavagiste, les obstacles à la constitution de familles stables sont nombreux. Les différences de statut, le manque de fluidité du marché matrimonial, et la redéfinition profonde des rapports de genre sont autant de phénomènes articulés qui remettent en cause le mariage comme élément unique d’organisation de la famille et de structuration des relations de parenté. Si le modèle conjugal reconnu par les autorités reste la norme obligée pour les femmes blanches créoles, il n’en est pas de même pour leurs maris et pour les populations de couleur libre ou esclave. Aussi, l’essor du concubinage et des relations adultérines, dénoncé en particulier par les autorités religieuses, se concrétise par une illégitimité des naissances élevée et en croissance continue. Les liens familiaux se construisent ainsi en partie en dehors du contrôle institutionnel, ce qui leur confère une invisibilité dans les sources, mais aussi une souplesse certaine, particulièrement chez les esclaves.
Les familles libres de couleur se caractérisent par la prépondérance du célibat. Celui-ci s’explique à la fois par le fait que la population libre de couleur adulte est majoritairement féminine, mais aussi, parce qu’une proportion significative de ces femmes sont maîtresses ou concubines d’hommes blancs. Elles ne se marient pas avec ces derniers en raison du préjugé de couleur. Toutefois, le célibat n’est pas forcément un choix imposé et peut constituer une stratégie de vie. Certaines femmes libres de couleur préfèrent être la ménagère d’un blanc aisé, plutôt que la concubine d’un petit blanc ou l’épouse d’un modeste libre de couleur. Dans la population libre de couleur, la situation de femme mariée n’est pas forcément la plus enviable. Le mariage peut être, néanmoins, une stratégie d’ascension juridique en permettant l’affranchissement du conjoint esclave. Dans les familles de couleur, libres depuis plusieurs générations, le mariage est instrument des stratégies patrimoniales. Ces mariages entre lignages installés permettent la mise en place d’une bourgeoisie de couleur.
Et c'est dans ce contexte en 1798, que nait la quarteronne (enfants du blanc et de la mulatresse) Déclairisse, fille illégitime du Sieur Louis Marie Henri de FABRIQUE SAINT TOURS et de son esclave Solitude . Afin d'aposer son empreinte, sans reconnaitre l'enfant, une partie du prénom et une autre du nom du père sont donnés. C'est ainsi que nait le nom MARIE-SAINTE
Le 30 janvier 1809, le général Beckwith et 12 000 hommes débarquent en Martinique et assaillent Saint-Pierre qui est évacuée. Les Anglais provoquent la désertion de masse, en menaçant les colons qui combattent avec les Français de faire confisquer tous leurs biens.
La propriété de la famille de FABRIQUE SAINT TOURS sur SAINTE MARIE est alors sous la menace d'une confiscation par les anglais.
Napoléon est vaincu, mais la Martinique, comme la Guadeloupe sont rétrocédées à la France, contrairement à Tobago et Sainte-Lucie, par le Traité de Paris le 30 mai 1814.
Cette même année, 1814, Louis Marie Henri de FABRIQUE SAINT TOURS est décoré du Lys, puis nommé commissaire-commandant de la paroisse de Rivière-Salée. Il fait venir de SAINTE MARIE, Solitude à qui auparavant, il avait donné une autre fille portant le nom de MARIE-SAINTE dite Adélia.
La belle et jeune Déclairisse MARIE-SAINTE, agée alors de 16 ans, est concervée sur la propriété familiale de SAINTE MARIE comme servante.
Déclairisse et Adélia MARIE-SAINTE, filles de Solitude et du Sieur Louis Marie Henri de FABRIQUE SAINT TOURS, seront par leur régime matrimonial, à l'origine
d'une des plus grandes familles de Martinique.
Sources: Archives départementales de la Martinique, geneanet.org, extraits de La mulâtresse Solitude de André Schwarz-Bart, Musée régional d'histoire et d'ethnographie, Archives communales de SAINTE MARIE, autres sources web.

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